05-10-18, 05:58
(05-10-18, 00:41)aurelienpierre a écrit :(04-10-18, 22:25)TheMrCzi a écrit : finalement, pourquoi m'acharner à developper en 16 bits alors que mon écran est en 8 bits si je ne m'abuse?.
Parce que ton écran n'affiche pas les données mais leur représentation. Ton écran est limité, mais ça ne limite pas pour autant les opérations que tu peux réaliser sur les données.
Ex : tu veux pousser la luminosité dans une zone sombre. Si tu es en 8 bits, tu as un risque de postériser (= créer des aplats au lieu d'avoir des transitions continues). Pourquoi ? Augmenter l'exposition, c'est une multiplication simple des valeurs RGB. Imagine que tu es en RGB 8 bits, dans une zone sombre où tu as une belle transition de pixels qui ont des valeurs RGB de 0 à 4 (sur une échelle de 255). Multiplie tes pixels par 2 :Ça veut dire qu'à la fin, tu n'as aucun pixel à 1, 3, 5, 7. Donc tu as cassé ta transition tonale. Si tu multiplies par 3, tu sautes 2 valeurs sur 3, si tu multiplies par 4, tu sautes 3 valeurs sur 4 etc. Plus la correction est intense, plus ça fait mal.
- les pixels qui étaient à 0 restent à 0
- les pixels qui étaient à 1 passent à 2
- les pixels qui étaient à 2 passent à 4
- les pixels qui étaient à 3 passent à 6
- les pixels qui étaient à 4 passent à 8.
Si tu travailles en 16 bits, il se passe la même chose. Sauf que, cette fois-ci, ta transition s'étale (à luminosité égale) entre 0 et 1028 (sur une échelle de 65535). Mais tu affiches du 8 bits, donc avant l'affichage, tu dois convertir tes données, par une simple règle de 3 : divise par 65535 puis multiplie par 255 et arrondis à l'entier le plus proche.
L'effet de la conversion 16 -> 8 bits avec arrondi est qu'on va lisser et « boucher » la cassure des transitions. Donc, une fois revenu en 8 bits, tu as un dégradé continu de 0 à 8, sans saut de valeur (= sans postériser).
Il faut vraiment distinguer, conceptuellement, la donnée (ce qui est enregistré dans le fichier numérique) de sa représentation (ce qu'on voit à l'écran). C'est un des rares cas où la philosophie trouve une application technologique directe.
Et on travaille toujours dans un espace plus précis que celui où l'on affiche, parce que certaines opérations mathématiques sur l'image vont dilater les erreurs d'arrondi et tout faire exploser. On ne réduit la précision qu'à la toute fin, quand on a finit les calculs, parce que c'est destructif (donc irréversible).
Je développe ma photo en 16 bits avec un aperçu un peu dégradé en 8bits...Si le 8 bits est si continu que cela au final de 0 à 8 sans postériser alors pourquoi charger la mule à 16 bits au départ à part pour se rassurer que l'on a un raw avec un bien meilleur potentiel?
Mais je vais me repasser ta réponse et y réfléchir . Pas simple .
En tout cas, Un grand merci pour cette réponse et chapeau bas pour tes passionnants articles !!