16-02-18, 01:14
(Modification du message : 16-02-18, 01:32 par aurelienpierre.)
(15-02-18, 17:55)Potochat a écrit : Merci Aurélien pour ces explications très pointues et néanmoins très claires. Au moins, dorénavant, je saurai ce que je fais, ce qui était bien loin d'être le cas avant ! En fait, je pense que tu fais bien de laisser un bruit de luminance résiduel qui évite de sacrifier les petits détails. J'ai comme beaucoup le défaut de visualiser le bruit sur l'écran à 100 % même je me rends bien compte que ce n'est pas raisonnable (!) puisque qu'une photo n'est pas faite pour être regardée le nez dessus et qu'aller au-delà risque si on n'y prend pas garde, de faire plus de mal que de bien en terme de lissage.
Cependant, dans l'optique d'obtenir la photo la plus "parfaite" possible, je trouve que la dénomination "réduction de bruit (profil)" un peu trompeuse dans la mesure où le mot "profil" amène à penser qu'il peut s'agir du Graal qui, d'un clic magique, va parfaitement debruiter la photo. En fait on en est loin... en théorie et des tutos comme les tiens ou ceux de Carafife ou démontrent le contraire. Cependant, je me demandais ce que pourrait, dans la pratique donner l'impression au format A3 (voire plus) d'un fichier qui n'aurait que ce traitement-là, ce que je n'ai jamais fait (ou osé faire !). Et je me dis que les concepteur de DT ont finalement peut-être raison de nous (me) faire ainsi croire au Graal. Certes aller plus loin est satisfaisant pour l'esprit (le mien notamment..), mais qu'en est-il de la pratique (pour une telle impression par exemple) ? Qui plus est, la double passe (une pour la chrominance, une pour la luminance) améliore encore la chose tout en n'étant pas top lourd à gérer. Très concrètement vaut-il la peine d'avoir une quête d'absolu en matière de débruitage et, s'agissant de DT, le seul module de débruitage selon profil n'est-il pas au final suffisant ? (excuse le caractère iconoclaste de ma question).
Le terme « profil » ne devrait pas être sur-interprété… Le profil en question est seulement une caractérisation statistique du bruit, établie individuellement pour chaque capteur (à partir d'images échantillons fournies par les utilisateurs de dt à ses développeurs). Ces caractéristiques permettent de faire un débruitage plus « informé » en tenant compte du comportement particulier de chaque capteur. Mais la qualité du profil dépend de la qualité de l'échantillon sur lequel il a été généré, de la variabilité des capteurs (tous les capteurs sortant d'une même chaîne de prod ne sont pas égaux) et la qualité du débruitage final dépend de celle du profil et des algorithmes. Comme expliqué dans mon bouquin, chaque algorithme se comporte différemment et a des usages plus ou moins compatibles (présence d'aplats ou motifs répétés, bruit chromatique ou de luminance, distribution statistique du bruit).
Après, la quête du débruitage parfait n'est pas prête d'être terminée, et pas juste en photo (l'astronomie et l'imagerie médicale ont des besoins plus pressants qui nous sur ce point). Cependant, nos contraintes sont différentes puisqu'on cherche en priorité un résultat esthétique plutôt qu'un résultat absolument fidèle à la réalité. Le retour en grâce du disque vinyle et de la pellicule argentique montre un certain goût pour la distorsion « esthétique » du signal (son ou couleur). Au final, le bruit donne de la texture, comme le grain du papier aquarelle.
Le niveau de débruitage est un compromis à trouver entre un bruit « génant », un bruit « esthétique », et une image trop lissée. La science donne des outils de correction, l'art c'est d'ajuster les curseurs… Et là, il n'y a pas de réponse unique, ça dépend de ce qu'on cherche.
Et si tu cherches le Graal, bon courage… Quand tu fais une photo, tu fais passer des photons à travers des lentilles convergentes (dont l'indice de réfraction dépend de la couleur) et un diaphragme (qui peut créer de la diffraction), ils arrivent sur le capteur désordonnés (alors que la théorie suppose qu'ils voyagent en ligne droite), le capteur est censé convertir chaque photon en électron au même moment, mais en réalité tu as des pixels en retard et des pixels en avance (donc des incohérences dans les valeurs mesurées), au final le capteur génére un courant électrique, qui est amplifié électriquement (donc on amplifie aussi les anomalies), puis on convertit ce courant en nombre (ce qui créée une erreur d'arrondi en fonction du nombre de bits de l'échantillonnage). Enfin ce nombre est converti, utilisé dans des calculs, qui créént plus d'erreurs d'arrondis, et exporté en JPG 8 bits (ou équivalent), ce qui ajoute de la compression par dessus d'autres erreurs d'arrondi. À chaque étape, on perd une partie du signal source, et on ajoute des erreurs. Ça n'empêche pas de faire de bonnes photos.
Faut pas trop se faire de cheveux blancs avec la technique. On a fait des images puissantes en barbouillant de la roche pilée additionnée de jaune d'œuf sur de la toile.
Aurélien, photographe portraitiste, spécialiste calcul.
Développeur de filmique, égaliseur de tons, balance couleur, etc.
darktable est mon métier, pensez à m'aider :
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