Note de ce sujet :
  • Moyenne : 0 (0 vote(s))
  • 1
  • 2
  • 3
  • 4
  • 5
exposition et filmique
#21
(21-03-19, 00:25)aurelienpierre a écrit : J'avais enregistré une vidéo pour expliquer l'exposition en détail, il y a 2-3 semaines, mais je n'étais pas satisfait du résultat, il faudra que je la refasse.

Filmique fait du mappage de tonalités entre un espace linéaire « physique » (le capteur compte des photons) et un espace logarithmique « perceptuel » en ajustant le point gris à la valeur que l'écran attend (incluant le gamma). Ce faisant, il gère le passage du « mur de la non-linéarité » d'une manière contrôlée, qui n'est pas optimale avec le mode actuel de préservation de la chrominance (il faudrait un moyen de débrayer de profil ICC de sortie et de le gérer à la main), mais mieux que rien. Et ça va évoluer maintenant qu'on a un pipe RGB optionnel dans 2.7.

Mathématiquement, ajuster le point gris ou l'exposition du module éponyme, c'est pareil (c'est la même opération).

MAIS… dans filmique, le point gris est lié à sa position dans la plage dynamique. La gestion de la couleur en mode ICC se base sur des hypothèses qui datent des années 1970 (l'espace Lab date de 1976). L'hypothèse fondamentale, c'est que le 100 % de luminance correspond à la luminance d'un blanc diffus à 20 % de réflectance (imaginez une carte blanche légèrement satinée). Dans l'espace écran, ce 100 % de luminance correspond à une lumière émise de 100 Cd/m².

Toujours dans ce système d'hypothèses, on attend donc le gris moyen (perçu comme 50 % par l'humain) à 18 % de la luminance du blanc moyen (mesuré par le capteur), c'est à dire 2.45 EV sous le blanc. Tout ça suppose qu'on ait une plage dynamique « faible », car rappelons que la pellicule couleur ne dépasse pas 6-7 EV, donc on exposait pour les tons moyens, en sacrifiant les extrêmités. C'était moins moche qu'en numérique parce que le film comprime les extrémités de la plage dynamique de façon progressive (comme filmique, avec une courbe en S).

Maintenant, en numérique, on dispose de 12-14 EV de plage dynamique, ce qui dispense en partie du sacrifice des hautes lumières. Mais la plupart des posemètres sont toujours conçus pour exposer le gris moyen : l'appareil calcul la moyenne de la luminance sur son capteur, suppose que c'est un gris 18 %, suppose donc que le blanc est 2.45 EV plus haut, et il ajuste l'exposition comme ça (à part de rares appareils avec une mesure spot en priorité hautes lumières). C'est pour cette raison que les modes d'exposition auto ont beaucoup de mal avec les high-key/low-key. Et les réglages par défaut de filmique représentent ce standard (gris = 18%, blanc = 2.45 EV, et noir = 10 - 2.45 EV).

Donc, le photographe numérique, pour protéger les hautes lumières, sous-expose. Donc la valeur de 100 % ne représente plus la luminance du blanc diffus, mais peut représenter la luminance d'une source de lumière primaire (lampe, soleil). Donc on n'a plus le gris moyen à 18 % non plus. Enfin, si, le gris est toujours à 18 % du blanc diffus, mais la valeur du blanc diffus n'est plus connue et a de fortes chances de se trouver sous 100 %. Le problème, c'est que, lorsqu'on ouvre la photo dans le logiciel, on a des valeurs RGB, mais plus moyen de savoir ce que représentent 100 % ou 18 %. Du coup, à la différence du constucteur du boîtier (qui a toute l'info nécessaire via un accès direct à son capteur), on ne peut pas appliquer une courbe de base pré-réglée, il faut en paramétrer une sur mesure.

Filmique permet de faire la culbute, sans se prendre la tête (enfin, quand on l'a en main), entre la réalité du cliché et ces hypothèses de référence historiques, qui sont désormais fausses, en redimensionnant la plage dynamique et en repositionnant le vrai gris (défini par l'utilisateur) là où l'écran l'attend.

Pour utiliser filmique au mieux, il faut donc se placer au plus proche des conditions standard, c'est à dire, avec le module exposition, placer les blancs à 100 % de luminance (s'il y a des blancs). Ensuite, à partir des réglages par défaut de filmique, dégrader la valeur du gris jusqu'à trouver un compromis acceptable (ou utiliser la pipette). A ce stade, le blanc se sera ajusté tout seul, donc pas besoin de le toucher. C'est juste le point noir qu'il faudra éventuellement corriger pour piloter la densité du noir (autrement dit, à quel point on veut récupérer des détails dans les ombres) en sachant qu'il est inutile d'excéder la plage dynamique réelle du capteur (qui diminue quand on monte dans les ISO), autrement on va juste faire ressortir le bruit.

Ensuite, le réglage du contraste est en fait fortement corrélé à la plage dynamique elle-même. C'est rare que je touche ce paramètre, je suis toujours entre 1.5 et 1.6. C'est plutôt les réglages de latitude et la balance qui vont permettre d'ajuster la courbe pour éviter de « l'asseoir » sur ses fesses dans les ombres, en les bouchant. Dans la prochaine version, la latitude sera exprimée en % de la plage dynamique, parce que par expérience, elle est toujours entre 20 et 33 % de la plage dynamique, et ça sera plus simple d'avoir une latitude qui s'ajuste automatiquement.

La partie largement perfectible, c'est la préservation de chrominance. Elle se passerait bien s'il y avait moyen de copier la sortie de filmique directement dans le fichier de sortie, en court-circuitant la correction gamma du profil de sortie, parce que le point gris en sortie de filmique est déjà à la bonne place. Comme ça n'est pas possible, je fais une compression gamma à la sortie de filmique pour remettre le gris à 18 %, de façon à ce que le gamma de sortie le replace à 45 %. Évidemment, ça comprime les ratios de couleur de façon non-linéaire, et j'aurais dû penser à ajouter un autre paramètre pour dilater les ratios avant de les envoyer se faire comprimer dans la correction gamma (pour qu'ils ressortent non affectés).

Mais comme je suis stupide, ça sera pour filmique v3.

voici un morceau d'anthologie, bravo!!!
Répondre


Atteindre :


Utilisateur(s) parcourant ce sujet : 1 visiteur(s)